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Juste?

Il y a quelques soirs, comme à mon habitude, avant de rentrer, je suis allé prier et louer dans un temple réformé. De manière inhabituelle, la bible sur son support était au centre avec une fleur devant elle. Comme je chantais en langues, je me suis dit que j’allais également chanter le chapitre auquel la bible était ouverte, Luc 15.

Peut-être que chanter la Bible permet de mieux se concentrer sur le texte, alors j’y ai remarqué plusieurs choses en le chantant.
Le chapitre 15 commence par : « Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, en disant : cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. » Luc 15:1-2.
Jésus leur répond par trois paraboles, la première étant celle de la brebis perdue, qu’il conclut ainsi : « De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance. » Luc 15:7.
Contrairement à ce que l’on entend d’habitude, Jésus parle de justes qui n’ont pas besoin de repentance, comme s’il était possible d’être juste sans Lui. On nous a rebattu les oreilles avec cette affirmation de Paul : « selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, pas même un seul ; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul ; » Romains 3:10-12.
De nombreux textes parlent de justes avant la venue de Jésus-Christ. Il ne faut donc pas absolutiser un texte de Paul qu’il utilise dans une argumentation pour en faire une vérité générale.
Les Évangiles parlent de plusieurs justes, en dehors du salut offert par Jésus-Christ.
Il est dit que Joseph, le « père » de Jésus-Christ était juste, Mat 1:19
Jésus dit : « Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » Matthieu 13:17.
Les parents de Jean le baptiste sont décrits ainsi : « Du temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur, nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; sa femme était d’entre les filles d’Aaron, et s’appelait Élisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur. » Luc 1:5-6.
Corneille, était défini ainsi : « Ils répondirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et de qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été divinement averti par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre tes paroles. » Actes 10:22.
Il est donc évident que, selon l’Écriture, l’on peut être juste sans connaître Jésus-Christ, mais comme on le voit pour Corneille, un juste sera toujours attiré par Jésus-Christ.

Dans la parabole du fils prodigue, il y a également une vérité qui m’a frappé et dont je n’avais jamais entendu parler, sans doute parce que les traditions nous empêchent de voir ce qui est là sous nous yeux. Le père a partagé son bien entre ses deux fils, celui qui est resté et celui qui est parti. Il n’était pas nécessaire de partir et de pécher pour avoir pleine jouissance de l’héritage du père. Le père le souligne bien quand il dit à son aîné : « Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; » Luc 15:31. En réfléchissant à cela, j’ai aussi pensé aux enfants de chrétiens qui souvent jalousent ceux qui se convertissent après avoir été des criminels, des drogués ou des voyous, et qui souvent ne savent pas vraiment comme être ou devenir chrétiens, alors qu’ils ont déjà toutes les richesses de la foi à disposition. Trop souvent, on les éduque comme s’il fallait qu’ils deviennent chrétiens, alors qu’ils sont déjà saints, comme l’a écrit Paul : « Car le mari non croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère ; autrement, vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. » 1 Corinthiens 7:14.
Au lieu de chercher à les convertir, nous devrions les aider à devenir des disciples accomplis et remplis du Saint-Esprit dès leur plus jeune âge.

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Pré-destinés ?

Je viens de lire ce texte :
Rom 8:28-30 : Nous savons, du reste, que tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son projet. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi destinés d’avance à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né d’une multitude de frères. Et ceux qu’il a destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

Et comme souvent quand je lis les Écritures, je me suis attristé de constater combien les doctrines qui traînent dans les églises nous masquent le sens des textes bibliques.
Ce verset est utilisé pour défendre la doctrine de la prédestination au salut, alors qu’il ne parle pas du tout de cela, mais d’un enchaînement bien plus merveilleux. Dieu nous destine, nous qui l’aimons, à devenir conformes à l’image, au modèle, de son Fils. Dieu veut que nous devenions semblables à Jésus-Christ, pour qu’il soit le frère aîné d’une famille immense. Nous cherchons juste à être sauvés pour aller au ciel, alors que le projet de Dieu va infiniment plus loin. Dieu veut que nous ayons avec lui la même relation qu’il a avec son Fils premier-né.
Et il a tout fait pour cela, car il nous a d’abord appelés, puis il nous a justifiés, c’est-à-dire qu’il a fait de nous des justes. Et finalement, il nous a glorifiés. Paul écrit tout cela au passé, car ce sont des choses déjà accomplies par Dieu. Le croyons-nous vraiment ?
Je suis fatigué par une manie qui se développe actuellement chez les évangéliques. On a de plus en plus l’impression dans les prédications que Jésus nous a juste sauvés, mais que pour le reste c’est à nous de nous démerder, c’est à nous de travailler à notre salut à la force du poignet. Nous devons faire plus, pour acquérir les grâces divines, mais nous n’en faisons jamais assez, nous n’obtenons pas ce après quoi nous soupirons. Alors que l’Écriture dit tout autre chose. Elle dit, dans ce texte de Romains et dans beaucoup d’autres endroits, que le salut que Jésus nous a acquis est un salut parfait et complet, un salut qui a la puissance de nous transformer bien plus profondément que ce que nous pouvons imaginer.

Voulons-nous continuer à nous contenter de croire à un salut étriqué, ou voulons-nous recevoir tout ce que Dieu nous a donné en Jésus-Christ ? Nous recevons le salut par la foi. Si nous croyons à un salut étriqué, nous recevrons un salut étriqué, si nous croyons à la plénitude de l’œuvre accomplie par Jésus-Christ, nous recevrons un salut plein et débordant, un salut qui dépassera nos plus folles imaginations.
Prédestinés à devenir semblables à notre modèle, Jésus-Christ. Quoi de plus glorieux ? Et ce n’est pas pour le futur seulement, c’est quelque chose qui commence aujourd’hui et maintenant. Ce sera pleinement réalisé à la résurrection, mais nous pouvons et nous devons déjà le vivre ici, nous pouvons et nous devons déjà rayonner de la gloire du Fils de Dieu.

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Évangile du Royaume ou évangile évangélique?

J’ai fini ma nuit par un rêve :

Je me retrouvais dans l’église dont j’ai démissionné au début de cette année et je suivais le culte.

J’étais au premier rang et quelqu’un pas loin de moi y manifestait un besoin spirituel urgent. À ce moment du fond de la salle, le pasteur m’appelle nommément. J’ai répondu : moi ? (tout étonné de cet appel) Alors je suis allé vers lui au fond de la salle et au même moment (à mi-culte) est arrivé tout un groupe de personnes, et je me suis dit qu’il voulait que je laisse ma place à ces arrivants. Parmi eux, un ami qui était heureux de me voir retourner dans cette église. Je l’ai détrompé en disant que c’était tout à fait occasionnel et que je n’avais aucun désir d’y participer à nouveau.

Fin du culte, et le pasteur me raccompagne et dit m’avoir appelé, car un jeune lui avait signifié qu’il ne pouvait pas prendre la cène si je le faisais. Un peu choqué par cela une discussion s’en est ensuivie. Nous étions en désaccord, car je rejetais l’évangile évangélique comme un évangile détourné. Il m’a objecté les peuples qui avaient été transformés par cet évangile comme, par exemple, les Fidjiens (!). J’ai admis avoir un eu exagéré en disant qu’en fait ils avaient reçu un évangile tronqué, puissant dans ce qu’il avait de vrai, mais manquant de substance. Là, nous nous sommes séparés.

Je me réveille et je pense au début de l’évangile de Luc, où Marie magnifie le Seigneur : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses. Il a renversé les puissants de leurs trônes, il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés, il a renvoyé les riches à vide. » Luc 1:50-53. Où est cette dimension sociale et même politique dans notre évangile ?

Je pense aussi à : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » Luc 4:18, 19, LSg. Là aussi, il y a toute une dimension sociale et politique. Où est-elle dans notre vie et notre pratique ?

En fait, je suis un peu injuste avec les évangéliques, car aux débuts de ce mouvement, il y avait toute une dimension sociale et révolutionnaire. On a dit que l’Angleterre n’a pas connu la révolution sanglante de la France, car l’Évangile y avait été un ferment de transformation. C’est au nom de l’Évangile qu’un Wilberforce a lutté pour la suppression de l’esclavage. C’est au nom de l’Évangile qu’ont été fondées les Écoles du dimanche, dont le but était d’apporter un enseignement scolaire aux enfants qui devaient travailler toute la semaine. (Ce n’est qu’ensuite que cela a été complètement détourné.) C’est au nom de l’Évangile que plusieurs ont lutté contre le travail des enfants, pour l’amélioration des conditions dans les prisons, et pour l’amélioration des conditions des prostituées. L’élan évangélique de cette époque touchait toutes les dimensions de la société et de la souffrance humaine. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il est temps de rentrer en nous-mêmes et de réfléchir à la pertinence de notre message et de nos vies devant l’excellence du salut que notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné. Il n’est pas venu pour nous assurer un avenir radieux à jouer de la harpe sur un nuage rose, mais pour libérer et révolutionner notre monde. Si nous proclamons qu’il est Seigneur, nous proclamons en même temps que toutes les autres choses qui veulent dominer nos vies n’en sont pas les maîtres et les seigneurs. Mammon n’est pas Seigneur, pas plus que nos leaders politiques ou religieux. En le proclamant Seigneur, nous mettons au défi les puissances d’asservissement. Notre message est éminemment politique.

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