Évangile du Royaume ou évangile évangélique?

J’ai fini ma nuit par un rêve :

Je me retrouvais dans l’église dont j’ai démissionné au début de cette année et je suivais le culte.

J’étais au premier rang et quelqu’un pas loin de moi y manifestait un besoin spirituel urgent. À ce moment du fond de la salle, le pasteur m’appelle nommément. J’ai répondu : moi ? (tout étonné de cet appel) Alors je suis allé vers lui au fond de la salle et au même moment (à mi-culte) est arrivé tout un groupe de personnes, et je me suis dit qu’il voulait que je laisse ma place à ces arrivants. Parmi eux, un ami qui était heureux de me voir retourner dans cette église. Je l’ai détrompé en disant que c’était tout à fait occasionnel et que je n’avais aucun désir d’y participer à nouveau.

Fin du culte, et le pasteur me raccompagne et dit m’avoir appelé, car un jeune lui avait signifié qu’il ne pouvait pas prendre la cène si je le faisais. Un peu choqué par cela une discussion s’en est ensuivie. Nous étions en désaccord, car je rejetais l’évangile évangélique comme un évangile détourné. Il m’a objecté les peuples qui avaient été transformés par cet évangile comme, par exemple, les Fidjiens (!). J’ai admis avoir un eu exagéré en disant qu’en fait ils avaient reçu un évangile tronqué, puissant dans ce qu’il avait de vrai, mais manquant de substance. Là, nous nous sommes séparés.

Je me réveille et je pense au début de l’évangile de Luc, où Marie magnifie le Seigneur : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient dans le coeur des pensées orgueilleuses. Il a renversé les puissants de leurs trônes, il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés, il a renvoyé les riches à vide. » Luc 1:50-53. Où est cette dimension sociale et même politique dans notre évangile ?

Je pense aussi à : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » Luc 4:18, 19, LSg. Là aussi, il y a toute une dimension sociale et politique. Où est-elle dans notre vie et notre pratique ?

En fait, je suis un peu injuste avec les évangéliques, car aux débuts de ce mouvement, il y avait toute une dimension sociale et révolutionnaire. On a dit que l’Angleterre n’a pas connu la révolution sanglante de la France, car l’Évangile y avait été un ferment de transformation. C’est au nom de l’Évangile qu’un Wilberforce a lutté pour la suppression de l’esclavage. C’est au nom de l’Évangile qu’ont été fondées les Écoles du dimanche, dont le but était d’apporter un enseignement scolaire aux enfants qui devaient travailler toute la semaine. (Ce n’est qu’ensuite que cela a été complètement détourné.) C’est au nom de l’Évangile que plusieurs ont lutté contre le travail des enfants, pour l’amélioration des conditions dans les prisons, et pour l’amélioration des conditions des prostituées. L’élan évangélique de cette époque touchait toutes les dimensions de la société et de la souffrance humaine. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Il est temps de rentrer en nous-mêmes et de réfléchir à la pertinence de notre message et de nos vies devant l’excellence du salut que notre Seigneur Jésus-Christ nous a donné. Il n’est pas venu pour nous assurer un avenir radieux à jouer de la harpe sur un nuage rose, mais pour libérer et révolutionner notre monde. Si nous proclamons qu’il est Seigneur, nous proclamons en même temps que toutes les autres choses qui veulent dominer nos vies n’en sont pas les maîtres et les seigneurs. Mammon n’est pas Seigneur, pas plus que nos leaders politiques ou religieux. En le proclamant Seigneur, nous mettons au défi les puissances d’asservissement. Notre message est éminemment politique.

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  1. #1 by Philippe on 14 octobre 2011 - 17:58

    Comme dirait N.T. Wright, « If Jesus is Lord, then Caesar is not! »

  2. #2 by Désiré Rusovsky on 15 octobre 2011 - 03:26

    Exactement! N.T. Wright a beaucoup influencé ma manière de voir dans beaucoup de domaines.

  3. #3 by tommyab on 16 octobre 2011 - 22:14

    malheureusement, trop souvent, l’action sociale des chrétiens devient un bras du gouvernement pour s’occuper des pauvres et des mal-pris.
    et on devient débordé par le travail à faire, l’argent à amasser, les subventions à aller têter, la publicité « nécessaire » pour continuer d’exister en tant qu’oeuvre de bienfaisance…

    ne devenir qu’une banale oeuvre de bienfaisance est le danger.
    et c’est se faire avoir de la façon la plus subtile, en ayant eu comme intention d’incarner cette évangile révolutionnaire…

    Jésus a nourri les foules, mais le jour où il a clairement expliquer la vérité, il n’est resté que les 12 (Jean 6)

  4. #4 by MEYER-LUTZ on 26 novembre 2011 - 15:59

    … où est alors la solution, mes chers frères.

    Toute seule, je suis comme une goutte d’eau dans la rivière.
    A 12, on peut faire beaucoup plus.
    Mais à 100, 1000, ou être une oeuvre de bienfaisance nous pouvons toucher des milliers ou même des millions.

    Alors quelle est la solution, je vous le demande !

  5. #5 by MEYER-LUTZ on 26 novembre 2011 - 16:00

    … et je rajoute les 12 ne sont pas restés tous seuls pendant longtemps !

  6. #6 by Désiré Rusovsky on 27 novembre 2011 - 00:05

    En fait, il semble que les églises organiques peuvent avoir un grand impact social malgré leur petite taille. Elles peuvent être beaucoup plus proches des gens et de leur besoins qu’une grande structure.

  7. #7 by tommyab on 31 décembre 2011 - 00:18

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