Prédication sur Matthieu 18 : 15-22 (là où 2 ou 3…)

Partage de quelques prédications particulièrement pertinentes du pasteur Étienne Roulet dont voici la seconde.

Textes bibliques : Lévitique 19 : 15-18 / II Corinthiens 5 : 18-20 / Matthieu 18 : 15-22

Voici encore un passage hyper connu (Matthieu 18 : 15-22) … et souvent mal compris ! On pense que « là où 2 ou 3 s’accordent dans la prière » rend la prière de groupe plus efficace, on utilise « là où 2 ou 3 sont rassemblés en mon nom » pour se consoler de n’être que quelques- uns à la réunion du groupe de maison, on applique « tout ce qui sera lié ici-bas… » au mariage, et on justifie les exclusions par « considérez-le comme un péager » ! C’est le contexte du ch. 18 qui éclaire ces versets : l’offense et le pardon. Que fait-on lorsqu’il y a une faute qui a fait souffrir quelqu’un ou la communauté ?

D’abord aller rencontrer, l’offensé est aussi un pécheur pardonné (cf.la brebis perdue, juste avant). Non pas pour « dire ses 4 vérités », ce qui coupe la relation. Mais pour mettre le problème à découvert et que l’autre écoute, voie la réalité. C’est difficile de faire face sans se démonter, de rappeler des épisodes douloureux sans amertume ni jugement. D’où la « feuille de route » de Jésus : d’abord seul à seul (discrétion, laisser une chance), puis si l’autre n’entend pas, retourner à 2 ou 3 (témoins), enfin devant la communauté, entre chrétiens. Tout cela pour « gagner » l’autre, qu’il puisse lui aussi sortir du cycle du mal et découvrir la joie d’être libéré du poids de l’offense. Le passage de Lévitique 19 insiste sur « n’hésite pas à réprimander », mais « n’aie pas de haine ou de rancune », c’est ainsi que « tu aimeras ton prochain ».

Etre 2 ou 3, ce n’est pas pour faire pression, mais pour objectiver le conflit et contrôler les émotions, permettre à l’autre aussi d’être entendu. Et devant l’Eglise aussi : il ne s’agit pas d’excommunier mais de donner une dernière chance à la réconciliation, et pour ne pas être seul à porter le poids. Et si çà ne marche pas ? Attention à « traite-le comme un païen » ! Il ne s’agit pas de mépriser et d’éjecter, mais de faire comme Jésus, pour qui toute « brebis perdue» est précieuse, objet de sollicitude particulière, à rechercher inlassablement. L’important est que l’offensé ait pu déposer le poids et s’en remettre à Dieu pour suppléer à une relation non rétablie.

On arrive au verset central (v. 18-20), qui débute par « amen, amen, je vous le dis » : « tout ce que vous lierez » signifie « tous les nœuds non défaits » (relations bloquées), et le mot pardon veut dire « délier, laisser aller ». Pardonner est la capacité à lâcher prise, au contraire d’un effort de volonté surhumain. Et si nous commençons à défaire les nœuds, Dieu fera le reste. De même « si 2 s’accordent » et si « 2 ou 3 se réunissent » : à comprendre dans ce contexte de recherche de pardon. Littéralement « si 2 font symphonie », donc si les 2 parties demandent ensemble la réconciliation dans la prière. Alors « cela adviendra » (verbe de la Genèse ). Et si 2 ou 3 s’assemblent et s’accueillent (le 3ème étant celui a qui on a recours, image de la communauté) en mon nom (allusion à la prière), alors « je suis au milieu », là où était la blessure et le conflit. Le Christ prend la place de l’offense (cf. la croix).

Le pardon n’est pas une action unilatérale, il doit toujours être réciproque, fruit d’une libération personnelle, qui compte sur Dieu pour prolonger le lâcher prise, et qui reçoit le don de réconciliation du Christ (cf. II Corinthiens 5 : 19). Alors le pardon est une chance, une grâce toujours offerte, il suffit de commencer à « défaire les nœuds ». Amen.

Étienne Roulet

 

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