La parole de l’Eternel était rare à cette époque, les visions n’étaient pas fréquentes (1 Sam 3:1)

Cela fait déjà longtemps que je me débats avec le concept de la Bible comme parole objective de Dieu, premièrement parce que la Bible ne parle jamais d’elle-même sous cette expression. Quand un auteur sacré parle de la Bible, il emploie le terme « Écriture(s) ».
Alors pendant longtemps, j’ai dit que Parole de Dieu avait différents sens suivant le contexte. Il s’agissait soit de paroles que Dieu avait adressées directement à un prophète ou au travers d’un prophète soit de Jésus-Christ lui-même comme expression de Dieu, ou dans les Actes en particulier, de l’annonce de Jésus-Christ de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.

Mais en pensant et réfléchissant à ce verset de 1 Samuel, j’ai mieux compris. Dans ce texte, « parole de l’Éternel » est mis en parallèle avec « visions ». Ce texte implique non pas que la partie de la Bible existante était rare à l’époque, mais que Dieu était silencieux et semblait éloigné de son peuple. Dans les Écritures, l’expression « parole de Dieu » et ses variantes veut simplement dire révélation de Dieu. Il me semble que l’on peut toujours remplacer « parole de Dieu » dans ses diverses utilisations par « révélation de Dieu ». C’est tout aussi juste pour les prophètes à qui la révélation de Dieu est adressée, pour la Loi qui est une révélation de la volonté de Dieu à son peuple et pour Jésus-Christ qui est la parfaite et finale révélation de Dieu. C’est aussi vrai pour les dons de l’esprit qui sont des révélations de Dieu dans des circonstances particulières. À cette lumière, on peut également dire que la Bible est parole de Dieu quand elle nous révèle Dieu ou dans son ensemble comme révélation, mais certainement pas quand un verset ou un ensemble de versets est utilisé pour défendre un point de vue.

Qu’est-ce que cela implique? En faisant de la Bible la Parole de Dieu par excellence, nous avons de fait érigé un nouvel intermédiaire entre Dieu et les hommes et ceci contre le texte des Écritures. Nous critiquons le catholicisme pour sa médiation entre Dieu est les croyants par l’intermédiaire du magistère, mais nous avons simplement remplacé le magistère par une autre médiation, celle de la lettre.

Le désir et la volonté de Dieu pour chacun de nous, est d’avoir une relation directe, sans médiation autre que celle de son Fils. Nous avons troqué une grande partie cette relation directe et intime contre ce qui est trop souvent devenu une philosophie ou une théologie. Dieu veut être vivant et présent et agissant au milieu de son peuple et au travers de son peuple pour toucher le monde.
Comme le peuple d’Israël était effrayé par la présence manifeste de Dieu, Moïse a dû couvrir son visage d’un voile. Nous, de même, par crainte d’une relation directe nous utilisons le voile de la Bible, alors que nous avons besoin d’un dévoilement (d’une révélation) pour pouvoir voir et comprendre et rayonner de la gloire de Dieu.
Si nous désirons voir la gloire de Dieu dans nos vies et au travers de nos vies pour le monde, nous devons redonner à la Bible sa vraie place, non pas celle d’intermédaire mais celle de témoignage  de ce à quoi Dieu nous appelle à vivre.

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  1. #1 by bibletude.org on 19 janvier 2013 - 23:26

    Vous avez raison.

    La Parole désigne d’ailleurs aussi le Christ – Jean 1 : Dans le principe est la Parole […] la Parole s’est faite chair. C’est alors Lui, l’intermédiaire entre nous et Dieu (1 Tim 2:5), et non pas, comme vous le soulignez, la Bible, dont on fait la 4ème personne de la Trinité…

  2. #2 by SA on 22 janvier 2013 - 16:15

    Je relis, et je relis, et je ne suis pas sûr de te comprendre.
    Pour moi, il n’y a pas à dissocier Jésus et l’Écriture, ils sont un.
    La Bible n’est donc pas un intermédiaire de plus, elle est notre intermédiaire avec le Père, car nous ne le connaissons qu’à travers elle/le Fils, par l’action du Saint-Esprit dans nos coeurs.
    Et je crains que ce type de déclarations (« en faisant de la Bible la Parole de Dieu… ») puisse induire certains en erreur, car tabler sur une révélation directe de Jésus dissociée des Ecritures, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Et comme tu le sais, je suis moi aussi « charismatique », donc pas du tout hostile à ce que Dieu nous accorde des révélations de toute sorte, mais sur une base scripturale, et à l’exclusion des questions de doctrine.
    Amitiés Désiré.

    • #3 by Désiré Rusovsky on 22 janvier 2013 - 19:58

      Mais SA, où vois-tu que l’Écriture serait une avec Jésus ? Elle lui rend témoignage, elle est comme le panneau indicateur qui montre la direction. Si l’on en reste à contempler le panneau indicateur, on n’arrive jamais à destination.

  3. #4 by SA on 22 janvier 2013 - 23:54

    Pourtant j’ai tout à fait l’impression d’être arrivé à lui – pas à la perfection, mais à lui, oui, j’en ai même la certitude, et ça fait longtemps déjà – grâce à sa Parole, justement.

  4. #5 by SA on 22 janvier 2013 - 23:58

    Pour te répondre plus précisément Désiré, je tire ma conviction de l’unité de la Parole avec Christ, de passages comme celui-ci, qui me semble lumineux: Jean 1:1-3, 14-18. Je pense que ce n’est pas par hasard si l’évangile appelle Jésus « la Parole ».

    • #6 by Désiré Rusovsky on 23 janvier 2013 - 11:38

      J’avoue, SA, que je ne comprends pas très bien ton raisonnement, vu que la Bible ne s’appelle jamais elle-même parole de Dieu. Relis bien mon texte, dans toute la Bible, « parole de Dieu » signifie révélation de Dieu, mais n’est jamais synonyme d’Écriture.
      C’est clair que la Bible cite plusieurs révélations spécifiques de Dieu, mais elle parle avant tout de la révélation parfaite de Dieu, Jésus-Christ. C’est bien ce qu’implique Héb 1:1-2 “Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde.”

  5. #7 by Désiré Rusovsky on 24 février 2013 - 17:04

  6. #8 by AlexR on 24 avril 2013 - 12:40

    Citation : « Quand un auteur sacré parle de la Bible, il emploie le terme “Écriture(s)” »
    Comment arrives tu à cette conclusion ?
    Comment parler de quelque chose qui n’existe pas au moment de la rédaction du livre ?

    • #9 by Désiré Rusovsky on 24 avril 2013 - 14:02

      Salut Alex, merci de ton commentaire. Simplement parce qu’à partir de la rédaction de la Genèse, il y a eu des Écritures saintes, des Écritures reconnues comme inspirées. La Bible en parle souvent alors que tous les écrits que nous avons aujourd’hui n’étaient pas encore rédigés. Il faut aussi comprendre que pendant des siècles les canons des Écritures étaient des canons ouverts.
      À mon point de vue, c’est une erreur de fermer les canons comme s’il était impossible que d’autres textes puissent être reconnus comme inspirés.

      • #10 by AlexR on 24 avril 2013 - 18:26

        Merci de ton retour et merci pour le lien sur le site de philocristos qui m’apporte énormément sur mes réflexions actuelles.
        C’est clair que je ne comprends pas pourquoi tant d’amalgame sont faits sur la bible/Parole de Dieu/Ecritures dans « nos » églises …
        Je ne connais pas grand chose à l’histoire, mais pourquoi a t’il été décidé de fermer les canons ? Par qui cela a été fait ?

        Merci encore pour ton blog 🙂

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