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Réflexion sur deux initiatives politiques en Suisse contre les pesticides et pour une eau pure

Il n’est pas dans mes habitudes de publier des réflexions de type politique dans ce blogue, mais finalement ce que je comprends et que j’exprime fait aussi partie de ma foi et de ma marche avec Dieu. 

Bien des paysans se sentent attaqués par ces initiatives et par leurs partisans. Cela m’attriste que des firmes opposées à ces initiatives leur on implanté ces fausses conceptions dans la tête. À mon avis, ce qui est remis en question par ces initiatives est la conception technicienne de l’agriculture. Les paysans d’aujourd’hui sont devenus esclaves du rendement, en partie par les grands distributeurs et soumis à des normes changeantes qui entraînent des difficultés croissantes dans leur profession et qui sont généralement coûteuses. Ils ont cessé pour la plupart d’être des cultivateurs pour devenir des exploitants. Leur rapport à la terre à changé. Elle n’est souvent plus qu’un support de cultures ou d’élevage et non pas un vis-à-vis du paysan, celle dont il tire son nom et qui fait sa fierté.


L’agriculture a perdu des siècles de sagesse pratique et elle n’est plus qu’un instrument de bénéfices pour de grandes multinationales. Auparavant, il y avait une grande variété de races de bétail adaptées à des conditions particulières, de terrain, de fourrage, de climats. Aujourd’hui, il y a un nombre restreint de races avec des qualités spécifiques et contradictoires, soit des races à viande, soit des races laitières. Comme les races actuelles ne sont plus adaptées à leurs conditions de vie spécifiques, on a recours à la chimie pour qu’elles puissent s’adapter à des conditions qui ne sont pas idéales. Les races laitières doivent répondre à des critiques spécifiques de qualité de lait en faisant disparaître les terroirs particuliers, car les grands distributeurs et l’industrie agroalimentaire réclament des produits standardisés et souvent sans originalité organoleptique.


Il en est de même pour les cultures, bien des variétés locales adaptées ont disparu ou presque et ne sont plus cultivées. On a des fruits et des légumes prévus pour la grande distribution et qui doivent être résistants aux manipulations mécaniques, et ceci souvent aux dépens du goût et de la saveur.


Cette évolution de l’agriculture ne peut qu’aller contre un mur. Les changements climatiques nécessitent une souplesse variétale et une réactivité que la chimie ne peut pas fournir, ou alors, à quel prix ? Ce dernier printemps nous a bien démontré que les monocultures fruitières sont sensibles à des gels tardifs. Ces gels tardifs sont précoces par rapport à ceux d’il y a quelques décennies. Les pommes de terre de l’an dernier sont souvent d’une qualité bien inférieure à celles des années précédentes, elles ont dû souffrir de la sécheresse et de la chaleur, il en est de même d’autres légumes.


Avec l’élevage laitier, même type de problèmes. On sélectionne les vaches à plus haut potentiel laitier et on élimine les autres. Ces super laitières ont besoin de plus d’eau, alors que l’eau devient de plus en plus rare en été. Va-t-on refuser de l’eau aux hommes et aux cultures pour la donner aux vaches ? Par cette sélection à sens unique, on ne fait qu’affaiblir la race en perdant des gènes d’adaptation. Il devient nécessaire de retrouver des vaches plus rustiques et résistantes, mais moins productives. Peut-être que le retour à des races mixtes (lait et viande) serait un choix empreint de sagesse. Quand un éleveur utilise un robot de traite à la demande, est-ce qu’il ne perd pas sa relation avec son troupeau, puisqu’il ne le connaît plus que par l’entremise de l’informatique et de son smartphone ? N’arrive-t-on pas par ce moyen à un élevage hors-sol, vu que ces vaches ne doivent jamais se trouver trop loin du robot ?


Quel est le but premier du paysan ? N’est-ce pas son autosuffisance alimentaire et aussi financière par ce qu’il vend ? Le développement de la vente directe valoriserait son travail aux yeux de ses clients.
Sous la pression de l’agrobusiness, l’agriculture s’est dévoyée. Il est temps qu’elle revienne à ses fondamentaux et que les paysans retrouvent la fierté et l’amour de leur travail.

Ces deux initiatives leur donnent la possibilité de revenir en eux-mêmes et de s’interroger si c’est vraiment d’une agriculture déracinée dont ils rêvent pour eux et pour leurs enfants ?

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