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Est-ce que l’homosexualité pose une question fondamentale?
Est-ce que l’homosexualité pose une question fondamentale à la foi chrétienne? Est-ce une question de fidélité doctrinale? Ou est-ce essentiellement une question de droits de l’homme; le sujet actuel de la longue bataille qui a progressivement donné la liberté aux esclaves et travaillé pour l’égalité des femmes et des autres victimes de discrimination?
C’est une question difficile. Les chrétiens bibliques affirment l’égalité de tous les êtres humains créés à l’image de Dieu. Nous devrions travailler pour mettre fin à l’oppression et l’injustice ; nous devrions aider chacun à profiter de la pleine liberté de l’Evangile de Jésus-Christ.
Qu’en est-il alors, de l’homosexualité et des pratiques homosexuelles?
J’ai acquis la conviction que c’est en effet une question fondamentale pour la foi et le témoignage chrétien. C’est plus qu’une question de droits et de liberté. Cela porte sur des fondements de la doctrine chrétienne.
Voici quatre raisons pour lesquelles l’acceptation ou non-acceptation de la pratique homosexuelle est une question fondamentale pour la foi chrétienne.
1. Le témoignage de l’Écriture
Qu’est-ce que la Bible enseigne?
Dans son livre Slaves, Women & Homosexuals: Exploring the Hermeneutics of Cultural Analysis (InterVarsity, 2001 – esclaves, femmes & homosexuels : explorer les herméneutiques de l’analyse culturelle), le bibliste William J. Webb fait une constatation décisive. Webb examine attentivement la « direction du mouvement dans la Bible » sur une série de questions « comme critères pour interpréter aujourd’hui la vérité biblique . » Ses sujets d’analyse particuliers, comme son titre l’indique, sont l’esclavage, les femmes et l’homosexualité.
Quand il s’agit de esclaves et des femmes, Webb montre que la trajectoire de la révélation biblique est toujours vers une plus grande liberté, vers moins de restriction et de discrimination. Comme il le dit, les textes bibliques traitant des femmes et des esclaves deviennent «en général» progressivement moins restrictifs » ou [montrent un]« adoucissement » par rapport à la culture au sens large, tandis que les textes de l’homosexualité sont« plus restrictif »ou [démontrent un]« durcissement »par rapport au milieu environnant »(p. 83). Une série d’autres critères herméneutiques confirment cela, dit-il.
En d’autres mots: Alors que la Bible nous présente une «trajectoire» herméneutique vers une plus grande liberté (moins de restrictions) pour les femmes et les esclaves, à la fois dans l’Écriture et par rapport au contexte culturel, une telle trajectoire ne se trouve pas dans le cas de la pratique homosexuelle. Dans toute la Bible, Ancien et Nouveau Testament, la pratique homosexuelle est interdite et considérée comme péché.
Webb indique ceci de manière plus explicite dans la conclusion de son livre: «les textes sur l’homosexualité sont d’une catégorie différente de ceux sur les femmes et sur l’esclavage. Les premiers sont presque entièrement transculturels dans leur nature, alors que les autres sont fortement liés à la culture. Cette réalité fournit une réponse décisive aux défenseurs des homosexuels qui disent que les dimensions culturelles des textes sur les femmes et sur l’esclavage devraient conduire à l’acceptation de l’homosexualité. L’analyse de l’ensemble de la révélation biblique montre la différence fondamentale entre la question des femmes et la question de l’homosexualité» (p. 252, souligné dans l’original).
L’homosexualité est donc fondamentalement différente des questions de l’esclavage et du rôle des femmes. Étant donné que l’homosexualité va au cœur même de l’identité humaine, elle n’est pas, d’un point de vue chrétien, premièrement une question de droits civils. Dans la société civile, toutefois, les droits des homosexuels deviennent une question légitime.
En d’autres termes, la Bible (et donc l’Église chrétienne) , par définition, reconnaît et défend un niveau différent et plus élevé de comportement moral que ne le fait une société civile qui est en droit neutre et «laïque» à l’égard de la religion.
Nous nous empressons d’ajouter, toutefois, que le commandement biblique d’aimer est d’un plus haut niveau de vérité et d’éthique que l’interdiction des pratiques homosexuelles. La bonne façon de concilier cela est théoriquement clair, bien que difficile dans la pratique : les chrétiens doivent montrer un amour sans bornes envers les personnes homosexuelles, tout en n’acceptant ne pas les pratiques homosexuelles comme admissibles dans le cadre de la sainteté chrétienne et de la vie de disciple.
Est-ce la même chose que dire : « haïr le péché , aimer le pécheur ? » Oui, mais avec deux conditions. Tout d’abord, l’exemple de Jésus montre très clairement que les chrétiens sont ceux qui parfois traînent et mangent avec les pécheurs et les parias. Deuxièmement, nous nous rappelons qu’en lui-même un péché homosexuel n’est pas plus grand qu’un péché hétérosexuel.
La condamnation biblique constante des pratiques homosexuelles, contrastant avec les questions des esclaves et du rôle des femmes, nous laisse avec un argument qui est incontestable, si l’on ne compromet pas l’autorité de la Bible.
2. La Question de la vie de famille
Trois raisons supplémentaires pour lesquelles l’homosexualité est une question fondamentale pour les chrétiens, en commençant par la question de la stabilité familiale:
Une société qui tolère les pratiques homosexuelles et les familles homosexuelles peut-elle être stable ? Peut-être, bien que je ne pense pas que cela ait déjà été essayé dans l’histoire humaine.
Mais la santé de la vie familiale et celle de la société au cours des générations demande de continuer à voir la pratique homosexuelle comme moralement choquante d’un point de vue chrétien, même si elle est tolérée dans la société (comme c’est de plus en plus le cas dans le monde occidental).
La raison est la suivante: le plan de Dieu tel que révélé dans l’Ecriture est lié avec les familles et avec le maintien de l’alliance de fidélité au fil des générations. (On notera l’insistance biblique sur «générations», qui je commente dans Salvation Means Creation Healed {Le Salut implique la guérison de la création}.)
Une société saine et encore plus une vie d’église saine, dépendent d’une vie familiale saine. L’église est la famille de Dieu et la famille chrétienne est l’église de Dieu.
Certes, Jésus n’a pas fondé sa première communauté des disciples sur des unités familiales biologiques. La sororité et la fraternité chrétienne transcendent la sororité et fraternité biologique. Néanmoins, la Bible et l’Évangile enseignent clairement que l’unité familiale biologique (homme et femme unis et normalement procréatifs) est fondamentale dans le plan de Dieu et dans la formation et la fidélité générationnelle de son peuple. « Pour cette raison, un homme doit quitter son père et mère et s’attacher à sa femme, et les deux deviennent une seule chair » (Mt. 19:5; cf Gen 2:24).
Considérez également les nombreuses injonctions bibliques à « enseigner à vos enfants » les voies du Seigneur (par exemple, Deut. 11:19). Cela implique deux choses: Que les hommes et les femmes (habituellement) se marient et ont des enfants, et qu’ils doivent leur apprendre ce que la Bible dit à propos des relations sexuelles et entre genres. Si ces deux choses ne se font pas, manifestement la société va dévier de la voie de Dieu.
L’église est fondée en grande partie (mais pas exclusivement) sur le mariage et la vie de famille, et une société saine et stable se construit en grande partie sur les familles chrétiennes saines et stables. Maintenir des normes bibliques de relations sexuelles et entres genres contribue à la stabilité sociale au fil des générations.
3. L’image de Dieu
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa» (Gen 1:27 ), avec une pleine égalité, avec la tâche de «diriger » et de gérer conjointement la terre .
La création de l’homme à l’image de Dieu est un fait extrêmement important, pratiquement et théologiquement, comme John Wesley la exprimé si profondément. Elle a des implications essentielles pour le salut, pour la sainteté et pour la nouvelle création. Elle est pertinente dans la question de l’homosexualité.
La création de l’homme comme mâle et femelle est en quelque sorte le reflet de l’unité et la diversité de la Sainte Trinité. Lorsque le Dieu tripersonnel crée, l’humanité sexuée est un résultat capital. La profonde unité-dans-la-diversité de la Trinité est dans un sens dérivé, reflétée dans l’unité-dans-la-diversité de la famille humaine — mère, père, progéniture. Dieu est au-delà des sexes, mais la richesse de la vie trine génère la distinction entre les sexes à l’intérieur de l’unité de la personnalité humaine.
Ce fait en lui-même ne résout pas toutes les questions concernant l’homosexualité (comme certains conservateurs semblent le penser). Cependant, cela donne du poids du côté de la morale biblique, avec son interdiction de la pratique homosexuelle.
La création humaine sexuée à l’image de Dieu est une question centrale sur l’identité humaine. En clair, cela établit une norme biblique pour les personnes, les familles, les sociétés et de la culture. C’est un fondement des alliances bibliques. Les enseignements continus de l’Écriture en matière d’éthique sexuelle (soit hétéro, soit homo) s’intègrent ainsi naturellement et logiquement dans la cohérence du plan du salut révélé par la Bible.
Puisque le salut signifie la guérison de la création, dans sa plénitude il signifie toujours également la guérison dans le domaine de l’égalité des relations entre genres, à court terme et / ou à long terme, ceci dans la plénitude du plan et des dessins de Dieu.
4. Identité et témoignage contre-culturel
L’église, dans sa défense des voies de Dieu, est toujours contre-culturelle sur certains points clés. Ces points varient avec le temps et avec les contextes socioculturels. Aujourd’hui, un point essentiel de l’identité et du témoignage contre-culturel concerne l’homosexualité.
Il ne sert à rien d’être contre-culturel juste pour le plaisir d’être contre ou différent (ce que l’église oublie parfois). Dans chaque contexte, l’église est sous certains aspects culturelle, dans d’autres sous-culturelle, et dans d’autres encore contre-culturelle. La question clé est toujours: Qu’est-ce que la fidélité à Jésus-Christ et à l’Alliance de Dieu et au Royaume signifie maintenant, dans ce contexte particulier?
Aujourd’hui, en Occident, mais également de plus en plus mondialement, l’homosexualité est une question clé et stratégique de l’identité et du témoignage contre-culturel. Ce n’est pas la seule, ni même la plus importante. L’église actuelle a besoin d’être contre-culturelle dans son soin pour la terre, dans la construction de communautés d’amour face à l’individualisme et à l’isolement des personnes, dans son rejet du matérialisme, du consumérisme, et de la marchandisation, dans la rédemption des arts, et dans d’autres domaines. Mais pour toutes les raisons citées ci-dessus, l’homosexualité est une question clé et fondamentale.
La question ici n’est pas d’abord négative, par la condamnation. Au contraire, elle est positive: en manifestant et en incarnant une manière de vivre meilleure, plus saine, plus épanouissante et générationellement durable. Une communauté chrétienne fidèle donne l’exemple d’une meilleure manière de vivre, en démontrant vraiment l’amour de Jésus-Christ.
C’est un domaine clé où les chrétiens peuvent donner un puissant témoignage positif, non d’abord par ce qu’ils disent ou par ce qu’ils condamnent, mais par ce qu’ils démontrent dans leurs propres vies et parleur amour, incarnant l’alliance biblique dans leurs relations mutuelles, soit dans le mariage ou soit dans célibat.
D’un autre côté
Mon argument ici est donc essentiellement positif et non négatif. Les relations saines, pures et licites entres sexes figurent parmi les grandes bénédictions de vivre selon Dieu. Cela inclut des liens d’amitié très étroits mais non-érotiques entre sexes et de même sexe. La vie même de Jésus a montré cela, comme le témoigne également l’église primitive.
Mais nous devons ajouter quelques précisions et quelques clarifications sur l’homosexualité comme une question centrale.
Comme chrétiens, nous sommes appelés à étendre la compassion et la compréhension dans ce domaine tout comme dans d’autres. Nous devrions aller aussi loin que la vérité chrétienne le permet pour accepter des personnes homosexuelles. La doctrine chrétienne repose sur l’amour et la vérité. L’amour sans la vérité n’est pas le vrai amour, et la vérité sans l’amour est en fait le mensonge. Nous démontrons donc l’amour de Dieu de toutes les manières possibles et véritables, sans compromettre la vérité biblique en matière d’éthique de genre.
À cet égard, j’aime beaucoup l’approche de Thomas Hopko dans son petit livre pénétrant, Christian Faith and Same-Sex Attraction: Eastern Orthodox Reflections (Conciliar Press, 2006) {Foi chrétienne et attraction pour le même sexe: Réflexions orthodoxes orientales}.
Hopko, ancien doyen du Séminaire Saint-Vladimir, dit que les chrétiens devraient comprendre l’attraction envers le même sexe dans une perspective de la révélation biblique, sans tenir compte à quel point cela peut sembler contre-culturel – même si nous pouvons également apprendre des études socio-scientifiques en cours.
Il écrit: « Avoir des désirs amoureux envers des personnes de son propre sexe n’est pas du tout un péché; c’est tout à fait naturel, normal et nécessaire. » Lorsque ces désirs sont érotiques ou conduisent à des comportements homosexuels, cependant, ils sont coupables et doivent être traités comme tels – avec compassion, compréhension, et fermeté. (Ici Hopko s’inspire de C. S. Lewis.)
Hopko considère l’attirance érotique pour le même sexe à travers le prisme du discipulat. Tous les chrétiens sont des porteurs de croix. Les chrétiens aux prises avec des tendances homosexuelles, quelle que soit leur source, ne sont pas différents, sauf dans la nature de leur lutte. Ils doivent « voir leur refus d’agir selon leurs émotions sexuelles comme une occasion extraordinaire d’imiter le Christ» plutôt que de se conformer au monde.
Hopko dit que les chrétiens doivent aimer les homosexuels et défendre leurs droits civils, y compris les partenariats enregistrés. Les « unions civiles » ne sont pas un mariage chrétien, mais elles peuvent fournir une protection nécessaire dans notre monde déchu. Nous devons reconnaître que la société civile et multi-religieuse n’est pas l’Église de Jésus-Christ.
Conclusion
Je suis toujours réticent à accepter les arguments du type « point de non-retour » ou « pente savonneuse ». Les « théories des dominos » des événements sont toujours fragiles, souvent sans fondement et exagérées. Néanmoins, l’homosexualité est en effet un enjeu clé. C’est presque (mais pas absolument) un test décisif vis à vis de l’adhésion à l’autorité de la Bible.
Chez deux ou trois de mes amis évangéliques que je respecte et pour un magazine chrétien, auquel j’étais abonné, cela a été exactement ça — un élément clef. Dans chaque cas, une fois que l’homosexualité a été reconnue comme acceptable pour les chrétiens, d’autres compromis sur l’autorité de la Bible ont suivi. Une ligne a été franchie. La Bible n’avait plus l’autorité, qu’elle a généralement quand l’église est vivante et fidèle.
L’homosexualité est en effet une question fondamentale. La fidélité biblique requiert de considérer la pratique homosexuelle comme un péché et comme une violation de la loi divine, elle exige également une compassion sans réserve et une compréhension à l’égard des personnes homosexuelles dans l’esprit de Jésus et par la puissance du Saint-Esprit.
(traduit avec autorisation de l’auteur qui est pour moi une référence depuis des années.
#1 by Désiré Rusovsky on 10 janvier 2014 - 21:45
Le livre de l’auteur vient de sortir: http://howardsnyder.seedbed.com/2014/01/09/my-book-released-homosexuality-and-the-church/
#2 by Etienne Lepicard on 30 avril 2016 - 03:27
Ce qui est frappant d’entrée dans cette étude, c’est que pour les deux première catégories employées il s’agit de personnes et pour la troisième d’une abstraction. Des personnes que l’on rencontre dans la Bible, une abstraction dont le vocabulaire n’est pas biblique. La chute de l’étude est d’autant plus étonnante, tout à coup les personnes réapparaissent … et le ton change sensiblement. Les personnes homosexuelles ont elles quelque chose de fondamentale à dire à la foi chrétienne ?
#3 by Désiré Rusovsky on 30 avril 2016 - 15:23
Je n’ai pas compris, pourrais-tu détailler?
#4 by etienne on 30 avril 2016 - 17:25
Au début l’auteur base son argumentation sur un livre dont le titre est, si j’ai bonne mémoire, Slaves, Women and Homosexuals… Son argument est de dire qu’alors que l’approche et des esclaves et des femmes a évolué vers une plus grande ouverture et tolérance, on constate dans la Bible une attitude contraire vis-à-vis de … l’homosexualité. Le fait qu’il cesse de parler des personnes pour passer à une catégorie abstraite me semble significative. C’est un premier constat. Le second étant que si l’on rencontre des esclaves ( car vous étiez esclaves en Egypte… par exemple) et des femmes (bien que je n’ai pas de citations qui me viennent sur les femmes en général), on ne rencontre pas d’homosexuels… et pour cause – ce n’est pas une catégorie biblique. D’où ma question. Cordialement. Etienne
#5 by Désiré Rusovsky on 2 mai 2016 - 15:15
OK, je comprends mieux. Il me semble que son titre et son développement se basent sur un argument fréquent des milieux homosexuels, qui comparent leur état et leur acceptation à ceux des femmes et des esclaves. La libération et la reconnaissance pleine des homosexuels devrait prendre suite à celle des femmes et des esclaves.
Je ne crois pas qu’il faut chercher plus loin. Est-ce que cette comparaison par les milieux homosexuels est légitime ou non?
Il me semble que l’article dans son ensemble répond à ta question.
Amitiés
Désiré
#6 by etienne lepicard on 4 mai 2016 - 02:00
Non pas du tout puisque j’ai déplacé la question, ou alors il faut m’expliquer.
Voici peut être une version pleine d’humour de l’argument, est ce de cela qu’il s’agit ? http://tenoua.org/edito-abomination/
#7 by Désiré Rusovsky on 4 mai 2016 - 15:13
Désolé, je ne vois pas le rapport. As-tu vraiment lu l’article dans son ensemble en cherchant à le comprendre?
#8 by etienne on 4 mai 2016 - 15:44
Alors nous devons conclure à un dialogue de sourds… Je n’aurais pas pris la peine d’écrire si je n’avais lu l’article en entier et avec attention. Bien amicalement. Etienne